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mardi 13 octobre 2015

Cinelli d'occasion : comment (ne pas) se méfier des bons plans



A force regarder des beaux cadres italiens sur ebay, on se laisse tenter par l'idée de céder à un bon plan. S'il s'en trouve un, on rationalise, on se dit "allez, pour un montage de combat du dimanche".

Il y a certes le beau Peugeot PX10 dans le garage, tout d'origine, bichonné, mais c'est une autre histoire, et un vélo de collection, c'est pas facile au quotidien pour un amateur de changement. Et surtout un beau vélo de 1975, c'est bien, mais manque les pédales spd et l'indexation pour rouler un peu salement.
Et à la moindre écaillure, on se sent responsable d'altérer le patrimoine (ça doit être un tropisme d'historien cette idée là)

Bref, sur anibis - site de petites annonce suisse -, le dit bon plan prometteur se présente finalement, un "vélo cinelli" pas trop cher, de 1985-6, monté en shimano 600, etc, vendu depuis le canton de Vaud, terre des fameux CILO (Suisse).


























Evidemment, vu la cote de Cinelli on flaire vite l'arnaque – belles précisions chez Sheldon Brown, tout ce qui est estampillé Cinelli vaut de l'or, un vrai culte au Japon.

Le joli vélo bleu a certes des beaux décals blancs (neufs et posés par le vendeur, sans doutes) et des raccords Cinelli, mais il n'en est pas un, à vue de nez : rien à voir avec les lasers ou supercosera du catalogue Cinelli des années 1980. Mais bon, on y croit quand même un peu. Un café chez le pote vélociste du quartier, qui parle de l'offre et de la demande, de la campagne où un Cinelli, c'est sûrement moins précieux qu'une lampe à souder.

Bref, c'est plus par curiosité qu'il finit aussi dans la cave. Et là surprise, la belle bleue n'est pas de chez Cinelli, c'est sûr, mais belle quand même, chrome en état, hormis la peinture qui semble avoir été posée par un électricien et s'écaille.






Et mystère surtout sur l'origine du cadreur : un italien certes – les tubes en columbus SL, les pattes campagnolo et les raccords effectivement cinelli –, mais pas de signatures – toutes les grandes marques italiennes signaient les cadres.

Quid donc, un cadre artisanal ? Seul signe, les initiales .OT. sur les raccords et la fourche, et un numéro de série (54) qui n'en est pas un, mais la taille du cadre. Une enquête fastidieuse, quelques mails aux gardiens de la mémoire Cinelli et au neveu du magasin (Mariotto Cycles Cluses) qui semble voir vendu le vélo d'après des restes décals originaux, et retour au point mort, un cadre italien sans nom.

Au final, le faux bon plan n'est pas si mauvais, un cadre italien manifestement bien fabriqué, en acier de qualité de moins de 2kg (1900gr), c'est plutôt un malchance heureuse pour un impatient peu prudent. La rénovation suit, en rouge brique - couleur des vélos italien Cinelli et Olmo des années 1980. La selle d'origine en cuir imitation liège  – un Bassano Vuelta cosmique – guidera le code couleur.








Reste l'éternel dilemme de l'équipement : d'origine, pour un inconnu de 1985-86, ça semble être du purisme déplacé ; mais du moderne, sur un beau cadre acier italien, c'est tout de même un crime de style. Une idée pour la rénovation des vieux italiens anonymes ?


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